Synopsis
1870, Mattie Ross vient en ville chercher un marshal qui puisse rattraper l’assassin de son père, Tom Chaney qui a filé en territoire indien et s’est rallié à une bande de malfrats menée par Lucky Ned Pepper. Mattie se renseigne sur quel marshal aura assez de cran pour mener à bien une telle expédition. Après avoir négocié une vente de chevaux de son défunt père au colonel Stonehill, elle décide d’embaucher le marshal Rooster Cogburn, alcoolique mais expéditif dans le maniement des armes. Un Texas Ranger nommé LaBoeuf a bien l’intention de se joindre à eux. Il recherche aussi Tom Chaney qui s’avère être un homme qui multiplie les larcins et les assassinats et se cache derrière plusieurs identités…
CRITIQUE
Ce Western est une merveille d’humour sans tomber dans la parodie.
Les frères Coen parviennent à s’insérer dans le genre et à y instiller leur style, sans le dénaturer. Le film des frères Coen sait rendre hommage au genre western notamment l’entrée en gare du train, la pendaison de trois repris de justice, la traversée du fleuve à cheval, les nuits au coin du feu, l’affrontement final à cheval.
Mais ils ont su aussi y mettre de leur folie douce: des trognes incroyables et des montées de violences saisissantes.
Il est rare que le remake soit meilleur que l’original. Mais « 100 dollars pour un shérif » (« True grit« ) (1969) de Henry Hathaway n’est pas non plus un chef d’œuvre. Juste un bon western.
Joel & Ethan Coen parviennent à faire oublier l’icône John Wayne. Pour cela ils ont fait appel à leur joker le génialissime Jeff Bridges qui avait déjà fourni aux deux prodiges du cinéma américain un « Big Lebowski » qui fit leur légende.
Son marshal râleur et radoteur un peu crade et feignant est grandiose.
De plus ils ont engagé Matt Damon qui continue de s’affirmer comme un des plus grands de sa génération. Il est ici incroyable de bagout et de suffisance dans son rôle de Texas Ranger.
La belle surprise étant la jeune Hailee Steinfeld qui face à ses deux monstres du cinéma leur tient la dragée haute et crève l’écran.
Mais le film est-il à la hauteur de toutes ses promesses? Je ne pense pas!
Il manque un peu d’audace et de rigueur dans le scénario. On peut se demander comment cette adolescente au caquet bien remonté, n’ait pas subi la moindre tentative de viol de la part de son ivrogne de marshal ou de son m’as-tu-vu de Ranger.
On peut regretter aussi que le méchant soit insuffisamment présent à l’écran.
De même on s’interroge, sur la fin, à propos du surgissement du marshal que l’on avait laissé quelques minutes auparavant, à plus de 400 mètres en contrebas d’un relief coincé sous son canasson…
Les décors offrent une magnifique reconstitution, et le préposé aux costumes a fait un travail de grande qualité. Le réalisme est flagrant.
La musique de Carter Burwell ne déroge pas à ses précédentes collaborations avec les frangins, c’est une réussite complète. Il tricote un somptueux chant autour du célèbre « Learning on the everlasting arms ». Le générique de fin est somptueux.
Bref un bon Western où l’on rit beaucoup, et où l’action, quoique parcimonieuse, est bien là.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le Marshal et Mattie se savent suivis. Ils décident d’attendre assis sur leur chevaux, sous la neige qui tombe. Mais c’est un homme revêtu d’une peau d’ours et dont le couvre chef est la tête de l’animal qui apparaît. Vision incroyable!
L’ANECDOTE
Ce film est le plus gros succès commercial de Joel & Ethan Coen.
Cependant des dix nominations obtenues aux Oscars, le film ne recevra pas la moindre statuette.
NOTE : 16/20
Video & Photo
