Synopsis
4 novembre 1979, suite à la fuite du Shah Mohhammad Reza Pahlavi aux Etat-Unis, l’ambassade américaine est prise d’assaut par les étudiants. La cinquantaine de personnes attachées à l’ambassade devient otages. Par chance six américains situés dans un bâtiment qui permettait de fuir par une petite rue se réfugient au domicile de l’ambassadeur du Canada. A Washington cette situation reste secrète et tous les spécialistes de l’exfiltration sont conviés à apporter leurs idées. Parmi eux Tony Mendez agent de la CIA. Il s’oppose à une exfiltration à bicyclette, ou sous la couverture de représentant d’une organisation d’aide à l’agriculture alors que le pays est sous la neige. Il finit par émettre l’idée d’un faux tournage de film hollywoodien nécessitant des décors exotiques plutôt perses…
CRITIQUE
Bien entendu comme tout film américain qui se prétend tiré d’une histoire réelle, celui-ci tord allègrement le cou à la réalité historique. Beaucoup d’événements ont été rajoutés pour accroître le climax. Donc tout ce qui apporte du stress dans les situations décrites (la sortie dans le bazar de Téhéran, l’annulation de l’exfiltration, l’émission des billets d’avion in extremis, le passage devant les gardiens de la révolution à l’aéroport, la poursuite finale…) tout cela n’a jamais eu lieu.
Ceci rétabli « Argo » est un très bon film d’entertainment que nous propose Ben Affleck.
Tout d’abord cela commence par une récapitulation des faits historiques sur les 30 années qui ont précédées les faits décrits dans le film à base de documents d’archives. Rien que ce début qui se montre bien critique envers les manigances des Etats-Unis, et de la CIA en particulier, mérite notre bienveillance.
Le suspens (factice donc) est efficace et fait son office jusqu’au bout. Mais le clou du spectacle est la partie hollywoodienne de l’exfiltration. John Goodman et Alan Arkin étant grandioses et hilarants. Ben affleck et ses scénaristes s’offrent un gentil jeu de massacre sur l’industrie cinématographique. Ses magouilles financières, ses egos surdimensionnés, l’incroyable vacuité sur laquelle elle repose.
Le travail de reconstitution de la fin des années 1970 début des années 1980 est une réussite. Appuyée par une photographie très travaillée, et une belle recherche dans les décors, les extérieurs turcs semblent bel et bien iraniens.
Si le film récolte une multitude de prix ce n’est pas un hasard:
3 Oscars dont celui du meilleur film, Golden Globe du meilleur réalisateur, César du meilleur film étranger, BAFTA du meilleur film et meilleur réalisateur reléguant loin derrière lui « Django unchained » de Quentin Tarantino et « Abraham Lincoln » de Steven Spielberg.
Petit moins du film est la musique d’Alexandre Desplat qui imite les compositeurs américains. Il y perd en intérêt et en originalité.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Lester Siegel et Tony Mendez cherchent un producteur. Ils se rendent chez l’un d’eux qui d’abord refuse le projet ne sachant pas que c’est un faux projet. Mais Lester Siegel n’a pas sa langue dans sa poche et démolit le projet futur du producteur lui prédisant des pertes terribles, tout en le menaçant s’il n’accepte pas de produire son projet. Scène magnifique avec un Alan Larkin des grands jours.
L’ANECDOTE
Les amis de mes amis sont mes amis. Cela marche aussi à Hollywood. Ainsi George Clonney qui est en possession du script et cherche un réalisateur est ami de Matt Damon. Et Matt Damon est ami avec Ben Affleck avec lequel il a pas mal bossé sur des scénarii. Matt Damon a donc présenté Ben Affleck a George Clooney. Ce qui fit de Ben Affleck, alors en recherche d’un bon sujet, le réalisateur de ce film.