Synopsis
Dunkerque années 2000, France mère de trois enfants est licenciée de son entreprise pour cause de délocalisation. Elle ne baisse pas les bras et après une formation de femme de ménage elle est embauchée par Stéphane (qui se fait appeler Steve) un trader français qui travaille pour une banque anglaise. C’est le choc de deux mondes mais aussi une estime réciproque qui naît…
CRITIQUE
Cédric Klapisch n’a peur de rien pas même de l’image d’Epinal et celle de la lutte des classes de nos jours.
Et c’est cette candeur que certains nommeront « naïveté » qui fait que le film est une réussite. Klapisch prend parti. Il est pour l’ouvrière (devenue femme de ménage et nounou) et contre le trader. C’est clair, net, précis et sans bavure.
Alors soit on est un trader ou un ami de ceux-ci et forcément le film peut ne pas passer, soit on est un ouvrier ou un employé, on n’a pas d’amis traders et alors on sera plus enclin a apprécié le film et sa charge anticapitaliste.
Comme j’appartiens à la seconde catégorie et que je me méfie des bienfaits (appelés aussi profits) du capitalisme qui ne profitent en général qu’à une infime partie de la société, je n’ai pu qu’apprécier le film.
Alors bien sûr nous ne sommes pas dans les hautes sphères de « Too big to fail » (2011) de Curtis Hanson ou « Margin call » (2011) de J.C. Chandor, bien plus incisifs sur les mœurs bancaires, mais j’ai pris du plaisir à voir la confrontation de deux mondes et du mépris réciproque qui les anime.
Ces deux catégories sociales sont représentées avec assez de justesse par Karin Viard et Gilles Lellouche.
Zinedine Soualem fait un mémorable petit rôle. Cet acteur est vraiment formidable.
Le film a parfois de brusques coups d’accélérateur dans son récit mais rien de bien grave. Cédric Klapisch n’est pas non plus Ken Loach; la lutte des classes n’est pas son fond de commerce, cependant il arrive à trouver le charme des comédies romantiques américaines des années 1940-1960.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène de réveil dans l’hôtel britannique après que Stéphane et France aient couché ensemble. Le trader dans un élan de sincérité naïf et imbécile avoue qu’il est à l’origine de la fermeture de l’entreprise où travaillait France. Gilles Lellouche est magistral.
L’ANECDOTE
Cédric Klapisch fait une infidélité à Romain Duris. Il lui a préféré Gilles Lellouche pour jouer un odieux personnage à la noirceur évidente, jugeant Romain Duris « trop solaire ».