Synopsis
Calais années 2000 des clandestins parmi lesquels deux kurdes d’Irak sont introduits dans un camion sur une aire d’attente avant le départ pour l’Angleterre. Mais à cause d’une phobie de Bilal qui panique alors qu’il doit introduire sa tête dans un sac pour éviter de mourir étouffé par le gaz carbonique, ils se font arrêter par une patrouille des douanes et sont ramenés dans le noman’s land appelé « la jungle » depuis la fermeture du centre d’accueil des immigrés de Sangatte en 2002. Bilal décide alors qu’il se rendra en Angleterre pour rejoindre celle qu’il aime et qui vit à Londres, à la nage. Pour cela il se rend à la piscine municipale et demande à Simon maître nageur de lui apprendre à nager le crawl.
CRITIQUE
Philippe Lioret est un humaniste.
Chacun de ses films en est une preuve et celui-ci n’échappe pas à la règle.
Ici le réalisateur s’émeut du sort des migrants qui viennent du Moyen orient ou d’Afrique et qui ne veulent qu’une chose : traverser la Manche pour vivre en Angleterre. Beaucoup y laissent leur peau.
Le ministère de l’intérieur, dont la police est le bras armé, tente de décourager toutes les tentatives de ses hommes en errance aux abords de Calais. De plus une loi scélérate L622-1 du « délit d’aide à l’entrée ou au séjour d’étrangers en situation irrégulières » entrave l’aide et l’assistance que des individus charitables ou des associations humanitaires apportaient auparavant à ces pauvres ères.
Voici pour le contexte du film.
Philippe Lioret et ses co-scénaristes tentent à travers le regard d’un homme qui vit difficilement son divorce, de montrer l’incongruité de la situation où les calaisiens sont priés de détourner la tête devant la détresse des migrants qui n’ont ni de quoi se vêtir ni de quoi se nourrir et encore moins de quoi se loger.
Peut-être vont-ils un peu loin en faisant du voisin de pallier de Simon un délateur zélé qui rappelle peut être de façon trop appuyée les braves collabos qui firent les beaux jours de la Gestapo franco allemande. Mais la démonstration même par « l’absurde » méritait d’être faite.
Le film repose sur les épaules de Vincent Lindon qui n’a aucun problème à assurer pour ce splendide rôle. De plus il a face à lui le jeune Firat Ayverdi, dans son premier rôle, qui est d’une grande justesse.
Nicola Piovani qui pour la deuxième fois compose pour Philippe Lioret après « Je vais bien, ne t’en fais pas » (2006) se rappelle au bon souvenir d’Erik Satie. Très belle Bande originale.
LA SCÈNE D‘ANTHOLOGIE
La traversée de la Manche par Bilal quand il se trouve dans le sillage d’un tanker, l’image est impressionnante.
L’ANECDOTE
Philippe Lioret avait l’intention de faire un film sur le sujet des migrants depuis plusieurs années. C’est lorsqu’il en a parlé à deux auteurs Emmanuel Courcol et Olivier Adam que ceux-ci ont commencé à inventer une histoire. Ils se sont aussi rendus à Calais pour ne pas écrire de contre-vérité sur le sort des candidats à la traversée clandestine de la Manche.