Synopsis
Paris, années 1960, dans la famille Lachaunaye on est bourgeois et oisifs mais aussi catholiques pratiquants. De générations en générations on a soigneusement évité de travailler. Mais à force de vendre les meubles pour se nourrir et de laisser des ardoises chez les épiciers, il ne reste que les murs de l’appartement. Si Georges veut quand même nourrir sa famille il lui faut trouver une solution. C’est en allant prier pour que Dieu l’aide à solutionner son problème vital, que Georges entend de l’argent tomber dans un tronc et que l’évidence lui apparaît : Piller les troncs des églises lui permettra de s’en sortir. C’est avec sa fille universitaire qu’il met au point la technique pour dérober les troncs sans les forcer : Caramels mous, pinces mais aussi tenue des comptes et statistiques pour améliorer le rendement. Mais la brigade dédiée au pillage des lieux de cultes veille…
CRITIQUE
Le premier sommet cinématographique de Jean-Pierre Mocky (1929-2019).
Comme Georges Brassens, le cinéaste nous dévoile un anarchisme mêlé d’une très grande tendresse pour tous ses personnages. Cibles préférées chez les deux, la bourgeoisie (catholique de préférence), le clergé et les flics pas très malins.
Dialogues acérés, situations cocasses, l’adaptation du premier roman de Michel Servin à laquelle l’auteur a participé est une joyeuse farce amorale. C’est farfelu, réussi et le film permet de voir André Bourvil (1917-1970) dans un registre qu’il avait peu expérimenté.
Oubliés les personnages lunaires et bêtas, ici il ne subit pas les événements et provoque les situations. L’acteur peut aussi faire montre d’une certaine délectation dans ces penchants pervers. Il semble d’ailleurs que Bourvil ait entamé cette collaboration avec Jean-Pierre Mocky contre l’avis de son entourage.
Or ce drôle de paroissien est un magnifique rôle. Un des plus intéressants de sa carrière.
Tout le monde s’amuse et cela se voit. Jean Poiret (1926-1992) qui deviendra un des plus fidèles acteurs du réalisateur exulte véritablement. Francis Blanche en flic pas très futé et entouré de trognes incroyables multiplie les déguisements absurdes.
Le spectateur rit abondamment à ces facéties qui de nos jours semblent légèrement surannées, mais à l’époque où le poids de l’église dans la société française était tout autre, ça a du déménager sec.
Belle musique de Joseph Kosma, qui souligne avantageusement la comédie et son aspect iconoclaste.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Lachaunaye a besoin d’un complice pour faire le guet pendant qu’il fait la besogne. Il se rend chez son ami Raoul qui fabrique des prothèses dentaires. Celui-ci lui oppose un discours moraliste, mais l’appât du gain finit part l’emporter.
L’ANECDOTE
Jean-Pierre Mocky veut tourner dans plusieurs églises de Paris et pour cela doit obtenir les accords de la hiérarchie ecclésiastique parisienne. Mais cette histoire de pillage de troncs n’est pas du goût de celle-ci et le refus ne se fait pas trop attendre. Jean-Pierre Mocky évoque alors en remplacement du film, l’éventuel tournage de l’édifiante et horrifique affaire du curé d’Uruffe qui a défrayé la chronique à la fin des années 1950. Accord de tournage obtenu!