Synopsis
1943 les colonies françaises d’Afrique du nord libérées par les troupes anglo-américaines, la France libre lève des troupes dans ces pays pour reconquérir l’Europe et anéantir l’armée allemande. Après un entrainement sommaire, les troupes nord-africaines sont envoyées comme chair à canon sur le front italien. Parmi ces soldats qui prennent à leur compte la libération de la France du nazisme on trouve le caporal Abdelkader un des rares lettré qui a de l’ambition, deux autres tirailleurs algériens Saïd et Messaoud ce dernier étant tireur d’élite, et le goumier marocain Yassir. Tous quatre sont des durs au combat une certaine élite combattante…
CRITIQUE
Malgré tous les défauts que contient le film (des raccourcis historiques, des imprécisions, des parti-pris, une distribution contestable, une production parfois miséreuse) il n’empêche que ce film était nécessaire.
Il fallait montrer (même de façon maladroite) les faits qui sont dévoilés pendant le film et à la fin. Une inégalité de traitement de ces troupes dites indigènes. Pendant la guerre (moins de permissions que les troupes, une grande censure dans les courriers, une inégalité de traitement pour la nourriture, pour l’avancement dans les grades (même si l’illettrisme peut expliquer ce fait en partie).
Et après la guerre par des reversements de pensions faméliques loin de celles reversées aux soldats français métropolitains.
Rachid Bouchareb rend un hommage à ces hommes qui chantent la Marseillaise, aiment la France et se donnent pour devoir de la libérer du joug nazi. Et dont l’amour de la France envers ces troupes pourtant vaillantes et dures au combat n’est pas vraiment réciproque.
Au fur et à mesure que le film avance l’histoire se resserre sur les 4 principaux protagonistes pour finir dans les dernières 20 minutes dans une unité de lieu et de temps et une montée de tension entre attaque et contre-attaque assez phénoménale et poignante.
Rachid Bouchareb avec les moyens parfois chiches parvient à donner du souffle à son récit. Quand il le peut il tente de s’approcher des films de guerre américains. Belle ambition couronnée par de beaux moments dans le film.
La distribution principale du film a reçu lors du 59 ème festival de Cannes un prix d’interprétation collégial plutôt mérité. Je dis « plutôt » car j’estime que Djamel Debbouze dans son rôle de co-producteur qui de par ses relations avec le royaume du Maroc a permis de lever les fonds nécessaires au film est sur ce point légitime et irréprochable.
Son talent d’interprétation n’étant en aucun cas mis en défaut (car il est plutôt bon le bougre) il est cependant hautement improbable que l’armée française ait enrôlé un homme ayant un handicap comme la perte de l’usage de son bras droit, rendant impossible le maniement du fusil, entre autre choses nécessaires au militaire.
Ce qui nuit pas mal à la qualité du récit.
Samuel Bouajila et Roschdy Zem sont vraiment magnifiques. Bernard Blancan que jusqu’à présent je ne connaissais pas m’a bluffé dans ce rôle ambigu d’un sergent dur envers ses hommes mais qui les défend bec et ongle avec sa hiérarchie et alarme leur traitement injuste au sein de l’armée française.
Armand Amar et Cheb Khaled ont composé une bonne bande originale. Quelques notes arrivent à nous vriller le cœur.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La mort de Saïd qui vient hercher son sergent chef grièvement blessé, alors que peu de temps avant il lui avait souhaité de crever blessé dans son lit.
L’ANECDOTE
Le film a souffert dans son montage financier obligeant peut-être le réalisateur à certaines concessions. Il a aussi fait souffrir les politiques français leur remettant sur le tapis la question du gel des pensions et le conseil d’Etat l’obligeant à rattraper les pertes financières des anciens combattants. Le rattrapage a été effectué… en partie.