MOUTON A 5 PATTES (LE)

Synopsis

Le petit village de Trézignan se meurt. Les touristes ne viennent plus. Et les pièces de théâtre organisées dans le théâtre romain sont des bides retentissants. Le maire, l’instituteur et le médecin du village sont désespérés de la situation. Mais le docteur a une idée : Et si l’on faisait revenir les quintuplés pour leur quarantième anniversaire?  Ce sont eux qui jadis ont fait la gloire du village. Le triumvirat s’en va donc voir le père des cinq enfants. Le vieil Edouard Saint-Forget est un acariâtre en chaise roulante qui n’ a guère envie de revoir ses enfants qu’on lui a enlevé. Mais les édiles passent outre et le docteur est chargé d’aller rechercher les 5 rejetons…

CRITIQUE

Film à sketchs dans lequel la méga-star française des 1950, Fernandel, joue pas moins de 6 rôles.

Le film scénarisé en partie et dialogué par René Barjavel, le pionnier de la littérature de science fiction française, est une comédie familiale agréable. Un peu longuette par moments, la réunion des 5 frères étant au final réduite à la portion congrue.

Henri Verneuil relève quelques défis techniques : Faire apparaître les 5 frères jumeaux sur la même image. Et diriger une mouche facétieuse.
Bien entendu Fernandel se tire de toutes les situations périlleuses. Jusqu’à l’auto-citation parodique.
On se souviendra que René Barjavel avait aussi écrit « Le petit monde Don Camillo » (1952) de Julien Duvivier…

Henri Verneuil et Fernandel en sont à leur septième film en 4 années. Autant dire qu’ils se connaissent sur le bout des doigts et que le réalisateur peut en demander beaucoup à sa vedette, sauf être filmé de dos chose que refusait absolument l’acteur qui avait ses caprices.  Et jouer 6 rôles ce n’est pas rien.

L’acteur s’en tire à merveille. Dans le rôle du vieux père et celui du capitaine de bateau pas très net, il est époustouflant et irrésistible.
Les nombreux seconds rôles sont à la hauteur et ne sont pas écrasés par Fernandel qui pourtant aime tirer la couverture à soi.

D’ailleurs il y aura quelques bisbilles entre lui et Louis de Funès pendant ce tournage, Fernandel reprenant le tic que Louis de Funès avait « inventé » (il se pince la lèvre supérieure avec la lèvre inférieure).

Certains gags (celui du lâcher de souris) sont un peu datés de nos jours. Mais d’autres (la majorité) fonctionnent encore. Et puis Fernandel en bon alchimiste du cinéma français a la faculté de transformer une médiocrité non pas en or mais en argent massif.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

La scène de la mouche au climax impressionnant. Et Fernandel en capitaine de bateau et ruffian mérite le détour. Les trois seconds rôles Dario Moreno, Ky Duyen, Leopoldo Francès ainsi que la très potelée Lolita López donnent à cette scène un réalisme moite digne d’un thriller.

L’ANECDOTE

Pour la scène de la mouche sur les conseils d’un entomologiste Henri Verneuil sectionne les balanciers qui relient les ailes. Mais le comportement de celle-ci qui fait des va-et-vient sur la table à une vitesse trop soutenue pour que la caméra la suive. Il décide donc de lui ramollir le tempérament en la plaçant dans une éprouvette avec un coton imbibé d’éther. Mais les premières mouches succombent. Elles restent trop longtemps dans l’éprouvette au contact du coton. Quand enfin l’équipe sort de l’éprouvette une mouche juste un peu endormie, le comportement s’avérera idéal pour le tournage et conforme au scénario.
Une vraie vedette!

NOTE : 13/20