Synopsis
Tchad années 1970, le photographe Russell Price couvre la guerre civile dans le pays. Il rencontre régulièrement un autre journaliste et ami Alex Grazier et sa compagne Claire. Alors que le conflit au Tchad s’enlise un autre conflit au Nicaragua commence. La C.I.A. soutient le dictateur Somoza. 1979 Russell Alex et Claire se retrouvent à Managua. La capitale est secouée par des attentats. Lors d’une soirée dans un restaurant les trois journalistes sont témoins d’un enlèvement. Dans la salle un agent français de la C.I.A. est aussi témoin. Russell et Claire décident de l’interviewer…
CRITIQUE
Petit panorama historique : quand le film sort nous sommes en 1983 en plein dans les années Reagan (1981-1989), où l’Amérique a un but principal : éradiquer le communisme de la surface de la terre. Ronald Reagan a imposé un embargo sur le Nicaragua dirigé par le sandiniste Daniel Ortega.
Sous les années de la présidence de Jimmy Carter (1977-1981) les Etats-Unis ont soutenu financièrement et militairement le dictateur Somoza, Jusqu’à l’assassinat du journaliste de la chaîne ABC Bill Stewart. Lâché par les américains en quelques jours le gouvernement Somoza se délite et chute le 17 juillet 1979.
Il est étonnant que ce film prenne, l’air de rien, la cause de la guérilla nicaraguayenne.
Le journaliste héros, de l’histoire, facilitant les besoins de propagande des rebelles.
Mais le film ne comporte pas que cette surprise, il dénonce aussi l’omniprésence de la C.I.A. dans tous les coups foireux internationaux de tous les continents. Le soldat américain Oates (Ed Harris) et le français Jazy, l’un menant les assassinats désignés par l’autre, sont les représentants de ces immixtions imbéciles et de ce soutien étrange pour des dictatures d’extrême droite au nom de l’anti-communisme (primaire ?).
Le film montre enfin la manipulation de certains journalistes qui deviennent malgré eux agents d’information d’un camp ou d’un autre. Et se retrouvent alors en contradiction avec leur « objectivité » et leur « neutralité » bien mises à mal.
Roger Spottiswoode signe un film d’une belle efficacité sur le plan cinématographique (le film déploie une intrigue ainsi que les désordres d’un trio amoureux sans que l’un ne nuise à l’autre) et sur le plan politique.
Car ce n’est pas un film à thèse avec ses lourdeurs et ses passages obligés. Ici c’est au détour d’une situation que le scénario souligne les difficultés d’être journaliste américain et indépendant dans ces guerres civiles où les Etats-Unis fourre son nez et pas forcément au bon endroit.
Les scènes de guérilla urbaine sont d’un grand réalisme. La dernière demi-heure dans les rues de Managua sont très spectaculaires.
Bien entendu le film n’est pas fidèle historiquement aux faits. C’est ainsi à Hollywood, la prétendue efficacité scénaristique l’emporte sur la véracité. Mais dans ce cas (et ce n’est pas souvent) ça fonctionne.
Le film se repose sur un trio d’acteur au top.
Joanna Cassidy tout d’abord, reporter tiraillée entre deux amours. Son personnage est tout à fait réaliste.
Nick Nolte est vraiment reporter photo. On croit en son personnage d’une façon incroyable.
C’est un peu moins le cas pour Gene Hackman que l’on a du mal à imaginer en vedette du journal télévisé. Mais jamais le cinéaste ne le montre dans les studios de télévision ce qui nous évite une désillusion.
Bien entendu Jean-Louis Trintignant dans un rôle de manipulateur est excellent.
Reste Ed Harris dont le personnage est un peu trop caricatural.
Le film est servi par la musique de Jerry Goldsmith qui allie avec bonheur guitare et flûte de pan sur fond de synthétiseur.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Somoza fait bombarder Managua alors que ses jours à la tête du Nicaragua sont comptés. Les journalistes regroupés dans un hôtel qui domine la ville sont au spectacle. Scène assez saisissante.
L’ANECDOTE
Troisième film pour le cinéma pour le réalisateur américain qui se fait avec ce film une belle renommée.