Synopsis
Sur la ligne de chemin de fer Paris Saint Lazare-Le Havre, Lantier conduit sa locomotive à vapeur avec son chauffeur Pecqueux. Arrivés au Havre, la Louison (c’est le nom de la locomotive) perd de l’huile. La voici immobilisée 36 heures. Lantier en profite pour aller voir sa marraine qui est garde barrière à la campagne. Il prend des nouvelles de sa santé. Là il retrouve Flore au bord de la rivière. Il a grandi avec elle. Elle est devenue une belle femme, certes un peu farouche. Quand Lantier veut l’embrasser, elle se refuse dans un premier temps. Il la poursuit jusqu’au bord de la voie ferrée où finalement elle embrasse Lantier. Mais là, une envie meurtrière irrépressible s’empare de Lantier qui commence à étrangler la jeune Flore. Ce n’est que le passage d’un train qui lui fait relâcher l’emprise…
CRITIQUE
Adaptation d’un roman de Emile Zola duquel les deux scénariste ont expurgé tout le côté naturaliste pour se focaliser sur l’amour entre Lantier et Séverine Roubaux femme du sous-chef de gare du Havre. Mais aussi l’amour de Lantier pour sa machine superbe de métal noir au ventre de feu qu’il ne cesse de bichonner.
Il fallait certes expurger l’imposant roman pour l’adapter au cinéma mais le scénario pêche par endroit en crédibilité notamment sur la fin.
La locomotive devient un peu trop facilement la métaphore d’un destin déjà écrit en tragédie. C’est bien dommage.
Car Jean Renoir n’est pas Marcel Carné et dans le drame ouvrier il est quand même un bon ton en-dessous. D’abord par lui-même. Non seulement il n’a pas le sens du cadrage comme le réalisateur de « Le quai des brumes » (1938), mais il n’a pas une équipe de production (décors, costumes, photographie) qui l’entoure qui soit l’équivalent de celle de Marcel Carné.
Sans parler qu’il s’est autorisé à se distribuer un rôle (Cabuche), alors qu’il est assez médiocre en tant qu’interprète et sa scène devant le juge d’instruction plombe sérieusement l’entreprise.
Sa distribution n’est aussi pas très convaincante et je pense surtout à Simone Simon-Séverine dont on se demande bien ce que Jean Gabin-Lantier peut lui trouver! D’autant que l’on a pas vraiment l’explication de l’attirance de l’un vers l’autre.
Heureusement donc que Jean Gabin qui depuis « La belle équipe » (1936) de Julien Duvivier est alors au sommet de son art et le représentant d’un cinéma populaire qui explore le monde ouvrier. Jean Renoir lui offre un de ses rêves interpréter un machiniste de ses magnifiques locomotives à vapeur.
J’ajouterai à ce bonheur celui de voir Julien Carette grandissime second rôle de ces années qui vont du Front populaire à 1940 qui est ici, Pecqueux chauffeur de la machine infernale son béret vissé jusqu’au front et le contre-point parfait de Lantier.
« La bête humaine » sans être un chef d’oeuvre est un bon film qui offre des séquences filmées depuis la locomotive sensationnelles.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La séquence d’ouverture du film à bord de la locomotive jusqu’à son arrivée en gare du Havre. Magnifique séquence.
L’ANECDOTE
Julien Carrette et Jean Gabin se sont retrouvés plusieurs fois dans un même film. Mais le film le plus mémorable où ils jouent ensemble est « La grande illusion » (1937) de Jean Renoir.