IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE – version « director’s cut » 229 minutes –
- Adrian Curran, Burt Young, Danny Aiello, Darlane Fluegel, Elizabeth MacGovern, James Woods, Jennifer Connelly, Joe Pesci, Larry Rapp, Mike Monetti, Noah Moazezi, Robert De Niro, Rusty Jacobs, Scott Tiler, Treat Williams, Tuesday Weld, William Forsythe
- Sergio Leone
- Mafia, Thriller
- 1984
- Once upon a time in America
- USA, Italie
- Enrico Medioli, Ernesto Gastaldi, Franco Arcalli, Franco Ferrini, Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi, Sergio Leone, Stuart Kaminsky
- Ennio Morricone
Synopsis
Brooklyn années 1933, David Aaronson dit « Noodles » est dans une fumerie d’opium. Il se remémore, la mort brutale de ses trois amis, des années fastes de la prohibition. Pendant ce temps des hommes de main ont tué Carol puis vont chez son ami Moe pour le faire parler. Ce dernier, le visage massacré, finit par dire où est Noodles. Mais Noodles est prévenu à temps et peut s’enfuir de la fumerie. Il va chez Moe. Tue un des hommes de main qui gardait son ami et laisse Moe à son sort. Il se rend à la consigne de la gare pour récupérer un magot dans une valise qui y dort. Quand il l’ouvre, elle ne contient que des journaux…
CRITIQUE
Le dernier film de Sergio Leone (1929-1989) et le plus accompli.
Un film à multiples tiroirs sur les thèmes développés (le gangstérisme, l’amitié, la trahison, la rédemption, l’amour, et la sexualité) mais aussi des tiroirs dans le temps (l’adolescence, la jeunesse, et la vieillesse). Sans parler d’une fin a double énigme inoubliable.
Un film nostalgique sur l’Amérique et ses rêves pervertis.
Le film est tiré du roman d’un ex gangster rangé des voitures Harry Grey (1901-1980) (« The hoods »). Le roman est un mélange de mémoires et d’inventions de l’auteur. L’adaptation du roman et la recherche de financements sera pour Sergio Leone un long chemin de croix de plus de 10 ans. Pas moins de 8 scénaristes sont intervenus sur le script.
Un film somme et magnifique. Un chef d’œuvre de technique, de fluidité malgré les flashback nombreux qui oscillent entre les années 1920, 1930 et 1960. Mais c’est fait avec une telle maestria que jamais le spectateur n’est perdu.
L’immense travail de reconstitution du quartier juif de Brooklyn (avec le fameux pont de Brooklyn) superbement photographié selon les trois décennies (1922,1933 et 1968) durant lesquelles se déroulent les scènes du film est bluffant.
Décors et costumes sont admirables.
La photographie du grand Tonino Delli Colli (1922-2005) « Mon dieu comment suis-je tombée si bas? » (1974) de Luigi Comencini, « Un taxi mauve » (1977) d’Yves Boisset magnifie le tout.
Le casting est impressionnant. Sergio Leone a même trouvé des gamins et gamines qui jouent exceptionnellement bien.
Ce qui est rarissime.
Robert De Niro est dans un de ces rôles qui ont fait la légende de cet acteur hors du commun avec les films de Martin Scorsese comme « Les affranchis » (« The goddfellas« ) et « Casino« . Il devient l’archétype au cinéma du mafieux.
Et le reste du casting est grandiose en passant par James Woods et Treat Willliams.
Chaque vision supplémentaire de ce chef d’œuvre est un enrichissement. On y voit toute la nostalgie d’un cinéma mort en Italie et qui a aujourd’hui quasiment disparu aux Etats-Unis. Ce genre de film est de nos jours noyé dans les effets spéciaux et la musique tonitruante, où les personnages n’ont plus guère d’épaisseur et sont au service de l’action et de la violence mais sans réel travail sur l’écriture.
La musique de Ennio Morricone (1929-2020) est parmi les plus belles qu’il ait composées. La voix d’Edda d’Ell’Orso n’a jamais été si nostalgique. De plus le travail de la mise en scène sur la musique (jouée sur le plateau comme une seconde mise en scène) est parfait. Les grandes scènes ont un début quand la musique commence et leur fin quand le morceau s’achève. Ce qui ajoute à l’accomplissement de l’œuvre.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène où le petit Dominic meurt sous les balles de Bugsy suivi du meurtre de Bugsy et d’un policier par Noodles. Superbe mise en scène de Sergio Leone.
Enfin un ralenti intelligent au cinéma!
L’ANECDOTE
Le tournage a duré plus d’une année. Les dépassements budgétaires ont été énormes mettant la Warner Bros en position délicate. Et le studio, bien entendu, pour rentabiliser dans les salles le film a ôté le final cut à Sergio Leone pour en faire un film linéaire (sans flashbacks) de 2h20 dégrossi aussi des scènes qui pourraient s’avérer choquantes et laisser profiler une interdiction au moins de 16 ans.
Sergio Leone, lui, proposait une version de 3h50. Le film dans sa version intégrale durait plus de 4 heures. Bien entendu le film fut un échec cuisant aux Etats-Unis.
Rattrapé (en partie) par la version du réalisateur présentée en Europe qui a eu un excellent accueil public et critique.