Synopsis
Paris début des années 1980, Louis Coline travaille dans un grand magasin au service publicité. Il n’est franchement pas débordé par le boulot et a le temps de s’occuper de sa femme, de sa grand-mère et même de faire des parties de poker tard le soir. Mais suite au décès du directeur du magasin un nouveau est nommé avec toutes les rumeurs qui l’accompagne. Effectivement Bertrand Malair le nouveau directeur tarde à prendre ses responsabilités. On le croit aux quatre coins de la planète jusqu’à ce que Louis, un matin le trouve en train de fouiller dans ses affaires. Bertrand Malair débarque avec deux sbires qui lui sont totalement dévoués…
CRITIQUE
Ce film sur les relations dans l’entreprise est pour le moins aussi étrange que son titre. Il n’en demeure pas moins assez passionnant.
On voit comment un jeune qui s’ennuie fermement dan son travail, se laisse séduire par une nouvelle direction plus ambitieuse, mais très envahissante sur le plan personnel.
Au point de faire exploser le couple.
Michel Piccoli (Bertand Malair) dans un de ses meilleurs rôles subtil d’ambiguïté malsaine entre domination, perversion psychologique et paternalisme, vampirise la vie du jeune cadre chargé de la publicité d’un grand magasin parisien.
Ainsi sous l’emprise de de ce gourou et de ses deux adjoints (complices), le jeune Louis va donner beaucoup de sa vie à tel point qu’entre lui et sa femme Nina va se dresser Malair.
Gérard Lanvin qui deux ans plutôt était quasi inconnu vient de faire une percée fulgurante au cinéma avec « Extérieur nuit » (1980) de Jacques Bral, « Une semaine de vacances » (1980) de Bertrand Tavernier où il joue déjà un couple avec Nathalie Baye, la comédie « Est-ce bien raisonnable? » (1981) de Georges Lautner avec Miou-Miou et enfin le magnifique polar « Le choix des armes » (1981) de Alain Corneau où il joue un jeune flic fébrile.
Avec ce rôle il assoit définitivement sa position de tête d’affiche du cinéma.
Nathalie Baye a quant à elle un peu plus d’expérience au cinéma. Elle a tourné auparavant avec François Truffaut, Maurice Pialat, Claude Sautet, Marco Ferreri, ou Jean-Luc Godard, et remporte ici son premier césar pour son second rôle.
Enfin François Balmer (en manager) et Jean-Pierre Kalfon (en homme à tout faire) sont eux aussi formidables.
On peut regretter une fin elle aussi étrange; peut-être pour le coup un peu trop étrange. Mais les errements nocturnes du jeune cadre à la recherche de son maître sont significatifs du travail d’aliénation mentale pratiqué par le chef d’entreprise.
La musique de Philippe Sarde ressemble à un tango boiteux et dissonant. Il illustre parfaitement l’ambiance du film.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Bertrand Malair appelle Louis qui dort chez lui. Malair est nu dans la salle de bain et se rase consciencieusement. Il lui fait le reproche de lui cacher des choses. Comme par exemple d’avoir menti sur la mort de son père. Scène terriblement malsaine et dérangeante dans laquelle c’est l’homme nu qui a l’ascendant sur celui qui est vêtu et se pose ainsi nouveau père en allant fouiller dans l’intimité de son jeune employé.
L’ANECDOTE
Le film remporte le prix Louis Delluc. Prix décerné chaque année au meilleur film d’après un jury de journalistes.
NOTE : 14/20