Synopsis

Rome années 1950 une manifestation de retraités réclamant une augmentation de leur pension est sévèrement dispersée. Parmi ces retraités Umberto Domenico Ferrari. Criblé de dettes auprès de sa logeuse, il tente de vendre une montre  à gousset  auprès d’autres retraités qui soit en ont déjà une soit n’en veulent pas ou n’ont pas les moyens de la lui racheter. Umberto est accompagné de Flike un petit chien bâtard qui le suit partout et qu’il nourrit à la soupe populaire malgré les interdictions. Umberto rentre chez lui une chambre avec un lit étroit, mais que la logeuse sous-loue en son absence à des amants de passage n’ayant pas les moyens de se payer l’hôtel. Umberto est malade et a de la fièvre…

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CRITIQUE

Un film qui heurte le pouvoir politique mérite d’être vu car il a sûrement intrinsèquement quelque chose de bon.
En France nous avons eu « L.627 » de Bertrand Tavernier qui a fait bondir le ministre de l’intérieur Paul Quilès qui s’est ridiculisé face au cinéaste.
Les italiens ont eu « Umberto D. » qui a fait bondir le sous-secrétaire à la présidence du conseil et faisant office de ministre des spectacles, Giulio Andreotti.

Le futur Président du conseil des ministres italien et ponte de la Démocratie Chrétienne (DC) se fend d’un article dans le journal « Libertas » arguant que ce film donne une piètre image de l’Italie. Au passage Andreotti sera condamné par deux fois par la cour d’appel de Pérouse et la cour d’appel de Palerme après l’opération Tangentopoli (opération mains propres) pour collusion avec la mafia, ce qui (n’en doutons pas) a donné une superbe image de l’Italie.
Puis entre Andreotti et De Sica, des échanges épistolaires francs leur permettront de débattre sur cet Umberto D. décrit trop défavorablement d’après le politicien, « Sur le ton juste » selon le cinéaste.

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Cela n’empêchera pas la censure catholique ( à défaut de la politique) de passer par là :
Deux scènes coupées : Celle où la jeune femme enceinte avoue qu’elle ne sait pas qui est le père de son futur enfant, l’autre où Umberto D. fait semblant de réciter une prière pour rester à l’hôpital quelques jours de plus pour se soigner.

Quatrième film dans pour lesquels le scénariste Cesare Zavattini et Vittorio de Sica collaborent ensemble (il y en aura 22 en tout) et dernier grand film du néoréalisme italien.

Vittorio De Sica fait de la peine à Giulio Andreotti (1919-2013) en dénonçant un pays qui maltraite ses anciens après que ceux-ci aient passé la vie à travailler, (pour certains, combattre) pour le pays. Les retraités formant ainsi à l’issue de la guerre et dans une Italie qui retrouve une croissance, une classe défavorisée et marginalisée.

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Vittorio De Sica nous montre des vieux dignes qui ne se laissent pas aller dans une déchéance vestimentaire. A l’image d’Umberto toujours flanqué de son petit chien Flyke et propre sur lui. Costume, cravate, rasé de près, il fait tout pour paraître à la vue des romains comme un homme sans souci pécuniaire aucun.

Vittorio De Sica montre un système qui profite de la détresse de ces pauvres vieux qui se délestent de leurs biens à des tarifs ridicules ou sont exploités par des marchands de sommeil sans vergogne.
Il fait aussi un portrait sans concession d’une Italie égoïste qui tourne le dos à la détresse de ses retraités. Les « amis » d’Umberto simulent un empressement à le quitter quand celui-ci leur demande une aide.

Carlo Battisti acteur occasionnel pour ce film est tout simplement grandiose. Mais toute la distribution est de cette qualité d’un naturel confondant alors qu’aucun n’est professionnel.

Photographie magnifique et musique d’Alessandro Cicognini inspirée. Le film bénéficie d’une production de superbe facture à laquelle la restauration rend justice.

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Le film fit-il mouche? en 1952 loi 218 du 4 avril une réforme des pensions est votée elle devient contributive et non plus basée sur la capitalisation et garantit un minimum vieillesse.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Devant le Panthéon Umberto D. en grande détresse s’apprête à faire ce qu’il n’avait jamais envisagé : la mendicité. Mais tendre la main pour quelques piécettes est vraiment humiliant à tel point que lorsqu’un romain va lui donner quelques menue monnaie, il retourne la main et fait celui qui du dos de la main voit si le temps n’est pas à la pluie…

L’ANECDOTE 

En 2008 Francis Huster fait tourner un Jean-Paul Belmondo diminué par les séquelles d’une attaque cérébrale dans un remake français intitulé « Un homme et son chien« .
Film prétexte à un hommage de la génération montante pour l’icône française de « La Nouvelle Vague » et du film d’action des années 1970-1980. La distribution réduite dans le film original est dans ce film pléthorique.
Francis Huster est loin d’arriver à la cheville de son modèle.

NOTE : 15/20

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