Synopsis
Milieu des années 1980 à quelques jours de Noël Amelia Bonetti arrive de sa province à Rome. Elle est aussitôt accueillie par une hôtesse de la télévision chargée de la ramener à l’hôtel. Amelia s’enquiert de son partenaire Pippo Botticella. Mais celui-ci n’est pas encore arrivé. Amelia monte dans un mini bus avec divers personnages (travestis, sosies, illuminés ou héros d’un jour) qui tous passeront dans une émission festive diffusée pour le réveillon. Avec Pippo, Amelia formait un duo qui imitait Ginger Rogers et Fred Astaire dans l’après guerre…
CRITIQUE
Fellini n’aime pas l’Italie dans laquelle il vit en ces années 1980-1990. Le cinéma transalpin est moribond tué par une télévision devenue vulgaire, par la publicité et sa course à l’audience. Les jeux idiots, les émissions de variétés et le football entrecoupés par la pub y règnent en maîtres sur les consciences.
A tel point que le concierge de l’hôtel préfère regarder le petit écran posé sur le comptoir plutôt que de répondre aux clients.
Federico Fellini pourfend les coupables du déclin fulgurant du 7ème art italien. En ligne de mire Silvio Berlusconi son groupe Fininvest sa succursale Mediaset et sa chaîne Canale 5.
La télé c’est du toc disent les scénaristes Federico Fellini, Tonino Guerra et Tullio Pinelli : la preuve au cinéma il y a des stars mais à la télé les vedettes ne sont que leurs sosies.
Ils nous montrent aussi une sorte de foire aux phénomènes : le curé défroqué, la troupe de nains danseurs, l’amoureuse d’un extra-terrestre, le transsexuel, un repris de justice mafieux les menottes aux poignets, et bien d’autres personnages extravagants qui viennent faire un petit tour sous les lumières et retomber dans un oubli dont ils n’auraient jamais dû sortir.
Le film se déroule en trois parties : Tout d’abord les images de Rome qui croule sous les ordures ménagères et sous les affiches publicitaires marquent le début du film.
Vient ensuite la partie dans l’hôtel et ses abords hantés par une faune bizarroïde qui constituera le programme de l’émission télévisée enregistrée le lendemain.
Enfin l’enregistrement de l’émission avec ses longs moments d’attente. Et au final le show de Ginger/Amelia et Fred/Pippo à la fois pathétique et tendre.
Les auteurs du film s’accordent à montrer les publicités commerciales comme une agression, engluées dans une vulgarité machiste, où les rondeurs accortes mais non dénuées de sous entendus sexuels servent à vendre de l’huile d’olive ou de la sauce tomate.
Giulietta Masina (femme de Federico Fellini) et Marcello Mastroianni sont formidables.
Ce dernier est véritablement le double de son metteur en scène dans ce film (ce qu’il était déjà dans les films précédents) mais de façon encore plus évidente.
Notamment dans son aspect physique Il emprunte la calvitie du réalisateur, mais surtout ses costumes, son manteau, son chapeau mou et son écharpe rouge. Et lorsque Pippo/Fred/Mastroianni dit à Amelia/Ginger/Masina de quitter cette foire qu’est l’émission de télé, le spectateur comprend bien que c’est Fellini qui invite les italiens à éteindre leur poste de télévision qui les abrutit.
Nicola Piovani tente de sortir des codes de Nino Rota imposés par Federico Fellini mais c’est quasi mission impossible. Fellini est très conservateur en terme de musique.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Dans la peine ombre sur le plateau de télévision plongé dans le noir suite à une panne électrique, Pippo et Amelia se font des confidences. Enfin un peu de calme pour se retrouver.
L’ANECDOTE
Avant dernier film pour le duo Fellini-Mastroianni, leur ultime film ensemble sera « Intervista » (1987) dans lequel l’acteur retrouve 26 ans plus tard Anita Ekberg avec laquelle il avait tourné le mythique « La dolce vita » (1960).
Voici une leçon de cinéma et de télévision d'une justesse succinctement dite et c'est tant mieux car tout y est dit, moi-même je ne regarde que très peu la télévision préférant le cinéma sur grand écran maison puisque maintenant le cinéma de salle tend à ressembler à l'horrible et souvent odieuse TV. Voir et revoir vous passerez tous par là quand votre époque révolue et celle dans laquelle vous ne vous reconnaissez plus vous ferons goûter à la nostalgie. Passez des fêtes avec les films de Noël lénifiant voilà tous ce que vous aurez si vous n'avez pas de vie intérieure.
Merci pour ce commentaire Patrick. n'hésitez pas à venir nous revisiter sur rueducine.com