Synopsis
Ravedrate (ville imaginaire) capitale du biscuit du nord de l’Italie années 1970, Giovanna Abbastanzi sort d’une pièce de théâtre dans laquelle Jeanne d’Arc est l’héroïne. Gianna (ainsi se surnomme-t-elle) sort avec un cuistre. Duquel elle finit par se séparer le lendemain de la pièce. Mais Gianna est perpétuellement agressée sexuellement par les hommes. Dans le bus, au travail, les mains au panier lui pleuvent dessus. De plus chez elle son père vit comme un pacha ayant fait de sa femme (mère de Gianna) une esclave de ses volontés. Dégoûtée elle décide de partir par le premier train. Mais à la gare elle voit une publicité pour le recrutement de la police municipale, et décide de s’enrôler…
CRITIQUE
Cette comédie plutôt sympa, parfois bancale, aura un retentissement en Italie assez incroyable. Et sera le début de ce qui s’appellera la comédie italienne érotique (ou sexy) le nouveau genre (filone) qui une fois de plus sera surexploité et attirera les spectateurs dans les salles pendant un temps.
Pour en revenir à « La poliziotta« , il est assez étonnant d’y voir deux grands scénaristes du western italien Sergio Donati et Luciano Vincenzoni aux manettes du scénario.
Tous deux ont travaillé ensemble ou séparément sur les grands westerns de Sergio Leone, « Il était une fois la révolution » Sergio Sollima « Le dernier face à face » et Sergio Corbucci « El mercenario« . Mais en regardant de près leurs filmographies respectives, outre le fait de les retrouver régulièrement ensemble, les deux hommes font montre d’un grand éclectisme.
Ils ont aussi signé des poliziotteschi (films policiers italiens très marqués par les années de plomb et une certaine impuissance de la police face au crime), des comédies à l’italienne, des films d’aventures, etc… C’est peut-être pour cela que le scénario arrive à se tenir ce qui ne sera pas le cas de bien des comédies italiennes sexy qui sombreront volontiers dans la bêtise et la vulgarité.
L’histoire est intéressante et va dans le sens de l’émancipation de la femme que ce soit sur le plan familial politique ou social. Les ressorts de la comédie à l’italienne sont parfois convoquées. L’érotisme y est encore très prude et les scènes ne deviennent pas prétexte à l’effeuillage de l’actrice.
Mariangela Melato grâce à ce rôle et son interprétation magnifique reçoit son premier David di Donatello. Elle incarne parfaitement la nouvelle génération de femmes italiennes libérées qui prennent en main leur destin et leur sexualité. Mario Carotenuto, Orazio Orlando et Alberto Lionello sont eux aussi très bons.
Steno (1917-1988) (qui a aussi tourné sous son vrai nom Stefano Vanzina) est un vieux de la vieille qui a commencé à tourner en 1949 et qui possède une filmographie longue comme le bras mais inégale. Il est cependant très apprécié du public italien. Ici il livre un travail inégal avec de la comédie subtile mais aussi un long tunnel sur le dernier tiers du film. Par chance le scénario est suffisamment solide pour ne pas partir à vau-l’eau.
On regrettera cependant la partie espionnage et cabinet noir qui frôle le n’importe quoi. Le film est sauvé par une fin plutôt réussie en forme de happy-end amer.
Immense succès public et accueilli plutôt avec sympathie par la critique.
La musique de Gianni Ferrio est très ancrée dans l’easy listening des années 1970. Si la musique du générique est assez peu marquante, les petits morceaux parodiques insérés dans le film sont plus réussis.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La fin touchante entre Gianna et son amoureux transi sur le quai de la gare.
L’ANECDOTE
L’acteur Alvaro Vitali au physique très particulier joue dans ce film un petit rôle. Dans les trois suites à ce film « La poliziotta fa carriera » (1975) « La poliziotta della squadra del buon costume » (1979) et « La poliziotta a New York » (1981), dont le premier rôle sera tenu par Edwige Fenech, il aura une place plus prépondérante. Mais cela signifiera aussi (hélas) une moindre tenue de scénario, des acteurs en roue libre, et une réalisation en panne d’inspiration.