Synopsis
Texas, quelques mois après la fin de la guerre de sécession, un homme s’est installé dans une petite ville et fait le passeur avec son bac d’une rive à l’autre du Rio Grande. A quelques lieues de là dans une ville de garnison, une bande de pilleurs formée d’ex soldats sudistes met à feu et à sang la communauté pour s’emparer d’un butin et tout ce qu’il peuvent ramasser par le pillage…
CRITIQUE
Le très prolifique et très inégal Gordon Douglas signe un western sous influence italienne.
En effet le western italien dit « spaghetti » en 1970 a déjà donné le meilleur et essoufflé se trouve sur la pente descendante. Reste encore un chef d’oeuvre à venir signé Sergio Leone « Il était une fois… la révolution » (« Giù la testa!« ).
Il prend d’ailleurs pour premier rôle l’acteur Lee Van Cleef qui en 1970 a tourné 7 westerns italiens.
Le public a oublié tous ses seconds rôles dans les westerns américains classiques des années 1950-1960 : « Le train sifflera trois fois » (« High noon« ) (1952) de Fred Zinneman, « La loi de la prairie » (« Tribute to a bad man« ) (1956) de Robert Wise, « Règlement de compte à O.K. Corral » (« Gunfight at the O.K. Corral« ) (1957) de John Sturges, « Du sang dans le désert » (« The tin star« ) (1957) de Anthony Mann et « Les bravados » de Henry King (1958), « La chevauchée de la vengeance » (« Ride lonesome« ) (1959), « L’homme qui tua Liberty valance » (« The man who shot Liberty Valance« ) (1962) de John Ford.
En 1970 Lee Van Cleef a connu un succès mondial avec « Le bon, le brute et le truand » (« Il buono, il brutto, il cattivo« ) (1966) de Sergio Leone. Son image a bien changé et l’année précédente avec « Sabata » médiocre western italien de Gianfranco Parolini, il a connu un grand succès public. L’acteur devient bankable et peut tenir l’affiche d’un film américain.
Face à lui il trouve Warren Oates acteur fétiche de Sam Peckinpah qui lui aussi revisite le western en Amérique. « Coups de feu dans la sierra » (« Ride the high country« ) (1962), « Major Dundee » (1965), « La horde sauvage » (« The wild bunch« ) (1969) films où la violence va crescendo et le nihilisme avec, et dans lesquels a tourné Warren Oates.
Le film commence par une flambée de violence : un village entier est massacré par une bande d’anciens soldats sudistes, le personnage principal est un misanthrope et un cynique. Fini le romantisme du western classique.
Gordon Douglas est ici en bonne forme et parvient à tenir son film de bout en bout. Certes il n’a pas les fulgurances visuelles de « Rio Conchos » (1964) ni un scénario aussi fort.
Cependant même si les antagonistes se trouvent chacun d’un bord différent du fleuve, la tension est toujours palpable. Le scénario montre l’enfermement mental du méchant qui refuse les solutions proposées par son bras droit (très bon Kerwin Mathews) et cherche dans la marijuana les solutions à ses problèmes. En cela il rappelle aussi le personnage d’El Indio du film « …Et pour quelques dollars de plus » (« Per qualche dollaro in più« ) (1965) de Sergio Leone.
Tandis que de l’autre côté de la rive c’est un prédicateur avide d’argent qui sème la zizanie.
On retiendra aussi les performances de Forrest Tucker et John Davis Chandler. Tous deux excellents. Ils ont d’ailleurs leur scènes ensemble.
Un petit mot sur la musique de Dominic Frontiere qui elle aussi rappelle le western italien dans ses rythmes et son orchestration. Tout en conservant les racines américaines de la musique folk.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Gordon Douglas donne au fleuve un rôle quasi aussi important que ses deux premiers rôles. La traversée du Rio Grande devient une obsession pour le chef des méchants qui tourne le problème dans tous les sens. De dépit, il finit par vider son chargeur dans le fleuve. Warren Oates génial.
L’ANECDOTE
Le cinéphile encyclopédiste du cinéma américain et grand réalisateur français Bertrand Tavernier est un des rares à avoir eu des entretiens avec Gordon Douglas (1907-1993).