Synopsis
Nice fin des années 1970, le commissaire Bertrand, un flic pourri est abattu dans un motel ainsi que la prostituée qui l’accompagnait. Le corps du flic est déménagé et le crime maquillé par deux autres flics. Paris périphérique. Un homme à bord du Caterham Super Seven descend sur Nice. Après avoir ridiculisé trois loubards qui voulaient le dépouiller sur une aire d’autoroute, l’homme qui se présente sous le nom d’Antoine Cerruti arrive au petit matin chez la veuve Bertrand et défonce la porte du salon avec la voiture. Il se dit le frère de la prostituée et réclame des dédommagements…
CRITIQUE
Film policier assez farfelu mais porté haut par son interprète principal avec un bagou et une sympathie désarmante.
Ce n’est pas un bon film policier.
Ce n’est pas non plus une bonne comédie.
La trame du film policier est assez bâclé, les ressorts de la comédie fonctionnent très bien sauf quand le personnage qu’interprète Julie Jézéquel (contre laquelle je n’ai rien de personnel) est présent à l’écran.
Problème c’est cette base du film qui a intéressé le réalisateur et son scénariste. A savoir une fille qui perturbe l’enquête de son père.
Le personnage de la fille surgit à la fin du premier tiers du film en plein commissariat de Nice. Comment a-t-elle su que son père qui bosse avec une fausse identité se trouvait là? C’est un des mystères scénaristiques.
Autre mystère scénaristique : la scène largement superfétatoire avec l’auto-école qui, si elle s’avère comique, n’en tombe pas moins comme un cheveu dans la soupe et ressemble furieusement a du remplissage.
Par conséquent le film s’avère n’être qu’une accumulation de scènes parfois très réussies, parfois non. D’où un sentiment à la fois d’une extrême jubilation, et d’inachevé.
Heureusement les dialogues de Michel Audiard compensent ces manquements scénaristiques même s’ils ne sont pas les plus remarquables de sa filmographie.
Premier film avec Jean-Paul Belmondo filmé par Georges Lautner qui s’empresseront de récidiver avec le succès public.
Autour de Belmondo en méga forme, une formidable troupe avec notamment le Michel Beaune et Catherine Lachens qui forment un couple de bistrotiers qui reste dans les mémoires.
Et bien sûr il y a l’irrésistible Marie Laforêt et les seconds rôles capés, Michel Galabru, Claude Brosset et Georges Géret qui donnent de l’épaisseur au récit policier qui en a bien besoin.
Bonne musique de Philippe Sarde qui convoque la crème du jazz pour interpréter sa partition. Son générique par une alternance de musique inspirée du baroque et de musique jazz marque l’ambivalence du personnage principal.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE :
Antoine Cerruti débarque pour la seconde fois dans le bistrot à côté du motel et y fout le feu pour conjurer le mauvais sort… Du très grand Bebel comme tout spectateur français l’aime.
L’ANECDOTE
C’est Michel Audiard qui a proposé le film à Jean-Paul Belmondo qui a accepté et co-produit le film avec la Gaumont. Pour Georges Lautner c’était l’occasion d’accrocher la plus grande star française à sa filmographie après avoir tourné « Mort d’un Pourri » (1977) avec Alain Delon.
En complément de la très juste analyse de l'esprit de la bande originale du film signée Philippe Sarde, on peut citer Georges Lautner lui-même : "Flic ou voyou est un mélange d'action, de fantaisie et de sentiment, avec un personnage insaisissable, Stan Borowitz, un flic atypique qui, pour vaincre les truands, utilise leurs méthodes... Double personnage, donc double discours et double musique. Il suffit d"écouter le générique qui oscille entre deux directions : un motif au parfum baroque et un second plus jazz, plus violent. Les deux alternent, s'affrontent et finissent par se superposer. En soi, c'est la parfaite illustration de la dualité du héros : flic ou voyou ? Le thème de Philippe donne la réponse : flic et voyou ! J'ai gardé un souvenir émerveillé de l'enregistrement au studio Davout. Toute la folie de Philippe avait pris forme devant moi, dans la réunion de grands solistes venus des quatre coins du monde : Ron Carter, Chet Baker, Hubert Laws... Les idées de Sarde sont toujours barges, mais, au moins, il va jusqu'au bout de celles-ci, il les concrétise."
Voici un bel hommage d'un cinéaste à l'un de nos compositeurs de musiques de films les plus prolifiques et inventifs. Pas forcément le plus accessible au grand public. Merci Didier pour cet ajout indispensable!