CHER PAPA
- Andrée Lachapelle, Aurore Clément, Joanne Côté, Julien Guiomar, Stefano Madia, Vittorio Gassman
- Dino Risi
- Drame, Politique
- 1979
- Caro papà
- Italie, France, Canada
- Bernardino Zapponi, Dino Risi, Marco Risi
- Manuel de Sica
Synopsis
Rome fin des années 1970 Albino Milozzi est un grand industriel italien. Issu de la résistance il a su par ses réseaux politiques prospérer. Il pense qu’il est encore de gauche mais son comportement en affaires en font un cynique. Il a une femme à Genève qui pour attirer son attention menace de se suicider. Une maîtresse à Rome, femme d’un autre homme d’affaires, une fille ancienne droguée qui vit dans une sorte d’ashram et un fils qui lit Mao et Lénine et côtoie des jeunes qui veulent renverser les valeurs qu’il représente par la violence s’il le faut…
CRITIQUE
Dino Risi prend de front les années de plomb et le conflit de génération entre père/fils, le père écrasant son fils qui pour sortir de l’emprise se rebelle contre ses valeurs par la lutte révolutionnaire.
Dino Risi qui délaisse la comédie à l’italienne pour le drame. Il introduit les années de plomb au sein de la famille d’un industriel à la tête d’une multinationale qui fréquente Agnelli (industriel président de la FIAT) et Andreotti (l’homme politique influent des années 1970-1980 appartenant à la Démocratie Chrétienne (DC), principal parti politique de gouvernement pendant les années noires).
Le portrait de cet industriel est peu flatteur et c’est vers le fils que l’empathie du spectateur se dirige. Jusqu’à la scène de l’inauguration de la piscine, où les amis du fils (tous d’extrême gauche) sont invités.
Dino Risi filme alors une jeunesse d’une tristesse sans borne. Tous tirent une tronche d’enterrement et l’on sent la haine recuite chez ces gamins. A tel point que le discours de l’ami et bras droit de l’industriel qui fut partisan durant la guerre et qui fustige la jeunesse de ces années 1970, épargnée, choyée et pourtant vindicative, font adhérer le spectateur à ses paroles quasi réactionnaires.
L’exercice est alors une pleine réussite. La comédie à l’italienne vire au désenchantement politique.
En 1979 les intellectuels du cinéma ont compris que les idéaux communistes sont à ranger au placard. Et ils sont spectateurs d’un pouvoir fagocité par la DC depuis la fin de la guerre et qui semble installée pour une éternité.
Ettore Scola un an plus tard avec « La terrasse » (« La terrazza« ) mettra fin à la comédie à l’italienne avec un film politique qui solde les échecs de la gauche italienne.
Vittorio Gassman est une fois de plus superbe dans ce rôle d’homme d’affaires fort en gueule et en échec de communication avec son fils. Julien Guiomar par sa scène d’invectives lors de la soirée d’inauguration de la piscine fait belle impression.
La musique de Manuel De Sica est juste illustrative. C’est déjà bien.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Albino et son ami et conseiller sortent du bureau du directeur de la banque et se rendent dans le hall de la clientèle. Ils sont cueillis les trois par des braqueurs de banque, les clients et le personnel sont tous allongés. Le directeur dit à Albino et son ami de se coucher que c’est la deuxième fois depuis le début du mois, qu’ils ne s’inquiètent pas c’est une question de petites minutes de désagrément. Ils profitent de la fin du braquage allongés sur le sol pour finaliser le prochain rendez-vous et discuter de l’architecture de la banque. Le braquage fini, chacun se lève et reprend le cours des choses là où il avait été interrompu… Une autre vision de la banalité de la violence en Italie durant ces années de plomb.
L’ANECDOTE
Dino Risi tourne ce film après avoir participé l’année antérieur au film à sketch « Les nouveaux monstres » (« I nuovi mostri« ).
film assez décevant , heureusement que Gasman est là !
Un film qui sort des comédies dont le réalisateur nous a habitué. Mais le travail de sape des années de plomb fait son effet même sur les hommes (dont Dino Risi) dont le rire est une philosophie de vie.