MEURTRE À L’ITALIENNE
- Claudia Cardinale, Claudio Gora, Eleonora Rossi Drago, Franco Fabrizi, Nino Castelnuovo, Pietro Germi, Saro Urzi, Silla Bettini
- Pietro Germi
- Policier
- 1959
- Un maledetto imbroglio
- Italie
- Alfredo Giannetti, Ennio De Concini, Pietro Germi
- Carlo Rustichelli
Synopsis
Rome fin des années 1950, dans un appartement situé dans un appartement d’un palazzo de la place Farnese, un cambriolage a lieu mais le voleur est surpris et s’enfuit évitant les balles du général à la retraite et la foule qui commence à lui courir après. L’inspecteur Ingravallo mène une enquête chez la victime présumée ainsi que dans le voisinage. Notamment auprès d’Assuntina, la domestique d’une voisine Liliana Banducci. L’enquête n’aboutit pas. Pas de vol et une victime peu disposée à collaborer. Mais une semaine après c’est Liliana Banducci que l’on retrouve morte dans son appartement…
CRITIQUE
Sous le prétexte d’une enquête policière qui entremêle les différentes couches sociales de Rome ainsi que les diverses origines régionales de la poignée d’enquêteurs, Pietro Germi dépeint les turpitudes d’une société italienne qu’elles soient sexuelles ou financières.
Il s’agit d’une libre adaptation d’un roman « Quer pasticciaccio brutto de via Merulana » d’un auteur italien Carlo Emilio Gadda assez atypique dans ses formes narratives.
L’intrigue signée Pietro Germi est considérée comme une des toutes premières formes du giallo qui sera mis véritablement en forme par Mario Bava avec « La fille qui en savait trop » (« La ragazza che sapeva troppo« ) (1963) et élevé en tant que genre cinématographique par Dario Argento « L’oiseau au plumage de cristal » (« L’uccelo con le piume di cristallo« ) (1970).
Pietro Germi pour la dernière fois se donne le premier rôle, celui de l’inspecteur teigneux et un brin misanthrope qui ne lâche pas une piste facilement. Il s’entoure de son acteur fétiche Saro Urzi qui joue un de ses subalternes. De l’omniprésent Franco Fabrizi, toujours impeccable dans l’ambiguïté et la crapulerie mesquine. Et les encore jeunes Claudia Cardinale et Nino Castelnuovo ainsi que la belle Eleonora Rossi Drago.
La satire de l’Italie de l’époque fait mouche comme toujours chez Pietro Germi. Et ce sera de plus en plus féroce quand il abordera le filone (genre) de la comédie à l’italienne.
Le réalisateur prend le temps d’aller au fond de chaque fausse piste, de dépeindre chaque personnage croisé et ce n’est jamais complaisant. Même le personnage principal de l’inspecteur Ingravallo n’est guère sympathique.
L’Italie dépeinte est celle qui ne parvient pas à se remettre des années fascistes et de la guerre qui l’a ravagée. Une sorte de mélancolie noire et poisseuse suinte de la pellicule.
Enfin la musique de Carlo Rustichelli qui dès le générique installe le spectateur dans l’ambiance romaine et bourgeoise n’a pas encore pris l’importance qu’elle aura dans les opus suivants.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La lecture du testament de la femme assassinée. Son veuf n’apparaît pas dans le legs celui-ci voit une fortune lui passer sous le nez. Claudio Gora très bon.
L’ANECDOTE
Pietro Germi s’est fait convaincre par son producteur de tourner une adaptation de ce roman giallo à la syntaxe expérimentale. Le réalisateur ne goûtait guère à cette prose dont il ne comprenait pas l’intrigue. Il s’est entouré de deux autres scénaristes pour retravailler complètement l’histoire. La sortir de l’Italie mussolinienne pour la placer dans l’Italie contemporaine.